Crise Climatique — Art en Vedette
Voici l’étincelle qui a enflammé le tout : mon père, Paolo Franzini, a lu l’article de Nathaniel Rich dans le New York Times, Losing Earth: The Decade We Almost Stopped Climate Change. Comme presque tous ceux de sa formation (scientifique), mon père est bien conscient que le changement climatique est un problème réel, mais cet article l’a ému aux larmes avec son illustration de l’urgence et de l’ampleur du problème, le sentiment d’un risque que la Terre commencera à ressembler à Vénus ou Mars, sinon dans sa vie (il est octogénaire maintenant), peut-être la mienne. J’ai fait un commentaire aléatoire à mon amie Shahla Bahrami (qui, en plus d’être une artiste bien connue d’Ottawa, gère un lieu de diffusion en art actuel établi à Ottawa, Le Centre d’artistes Voix Visuelle), que sa prochaine Exposition internationale d’estampe numérique miniature devrait peut-être avoir comme thème les changements climatiques. Elle était d’accord, et m’a suggéré d’en être la commissaire, et de là toute cette section de mon site Web. Et sur cette page, quelques informations sur cette exposition, en train de se terminer au moment où j’écris ces lignes.
« Du 9 novembre au 10 décembre 2019, le Centre d’artistes Voix Visuelle présente l’Exposition internationale d’estampe numérique, 14e édition. Sous le commissariat de Paula Franzini, l’exposition propose les œuvres de nombreux artistes qui expriment ce qu’ils ressentent face aux changements climatiques, sur les thèmes des préoccupations environnementales à l’extinction de certaines espèces, en passant par les catastrophes naturelles, la pollution, la surconsommation et l’héritage laissé aux générations futures. Les 78 œuvres proviennent de 62 artistes de l’Allemagne, de la Belgique, de la Bulgarie, du Canada, de la France, de la Grèce, de la Hongrie, du Japon, des Pays-Bas, de la Pologne, de la Roumanie et de l’Ukraine. »
La page Voix Visuelle contient de plus amples informations, telles que la date d’ouverture, les prix décernés et une galerie montrant des images de 9 des pièces présentées. Bientôt, nous y publierons également le catalogue électronique, et j’inclurai le lien ici dès qu’il sera disponible. Une autre page énumère tous les artistes participants, ainsi que mon texte de commissaire, que je reproduirai ici :
« Nous n’aimons pas trop réfléchir aux changements climatiques [CC]. Même si nous ne les nions pas, nous espérons que d’autres s’en occupent. Mais en les ignorant, nous nuisons aux rares personnes qui essayent de changer les choses.
Pourtant les CC sont déjà une menace grandissante. Prenons par exemple l’été 2018 : des vagues de chaleur intenses surviennent, de Denver à Ottawa jusqu’à Glasgow. On observe 49 °C en Oman, sans descendre sous les 42 °C la nuit; 54 personnes sont mortes de chaleur au Québec. Une centaine d’incendies majeurs aux États-Unis donnent naissance à la nouvelle expression : tsunami de feu. 1,2 millions de personnes chassées de chez elles par des inondations au Japon, 2,4 millions en Chine, les états de la Caroline inondés de fumier de porc et de cendres de charbon. En Californie, sécheresses, feux et inondations alternent en provoquant des coulées de boue désastreuses. Et nous ne sommes toujours pas convaincus; nous les qualifions de « cataclysmes exceptionnels », et non pas « nouvelle norme ». Mais en réalité, dans le meilleur des cas, ils ne donnent qu’un doux aperçu de notre avenir.
Il devient de plus en plus pressant d’agir maintenant. Il faut que nous assumions tout ça comme notre problème — parce que c’est notre problème. Il y a tellement de choix possible pour agir. Si nous ne savons pas quoi faire, nous pouvons nous informer, réfléchir, discuter. Nous pouvons passer le mot, voter, manifester, faire oeuvre artistique. Nous pouvons utiliser les transports en commun, acheter une auto électrique ou hybride, isoler nos maisons, réduire notre consommation, adopter l’énergie solaire, manger moins de viande. Ceux qui ont plus d’argent peuvent considérer le désinvestissement des énergies fossiles, et les dons aux organismes qui, par exemple, travaillent sur le reboisement tropical ou l’adoption d’énergies renouvelables, partout dans le monde. Il est toujours moins cher de contrecarrer les CC maintenant que de réparer plus tard, les dégâts qui en découleront. L’espoir naît quand, tous ensemble, nous réalisons le plus d’efforts possibles pour trouver nos propres solutions, jusqu’au jour où les CC ne seront plus le principal problème auquel nous faisons face.
La 14e exposition internationale d’estampe numérique a invité les artistes à sensibiliser le public face à la gravité des CC. Avec une imagerie poignante et expressive, ils dépeignent le problème, ses origines et ses conséquences. Ils expriment et partagent leurs réactions et leurs inquiétudes. Le motif le plus récurrent est la préoccupation environnementale; les artistes mettent en évidence l’inconscience de l’humain qui conduit aujourd’hui à l’extinction des espèces, la dévastation de la nature et de la faune, l’inquiétante diminution de la biodiversité. Ils ressentent et démontrent la douleur d’une planète en détresse, la souffrance des pingouins et des renards, des guépards et des ours polaires, des abeilles et des humains… Ils nous rappellent que nous n’avons qu’une planète, et que c’est notre responsabilité de prendre soin d’elle, de la nature, et de nous-mêmes. Ils souhaitent mettre en évidence l’idée qu’il y a un équilibre fragile entre forêt et désert. Inlassablement, ils représentent les éléments de la nature en colère, les feux et les inondations, la déforestation et la désertification; nous rappelant comment de telles calamités deviennent de plus en plus fréquentes et dévastatrices.
Plusieurs jettent un regard critique sur la pollution et les déchets, notamment les produits à usage unique, ou encore les voitures qui ne sont ni durables, ni écologiques. Ils soulignent à grands traits la surconsommation, l’irresponsabilité, le désir de pouvoir et l’amour de l’argent qui, ensemble, ont entrainé cette situation. D’autres partagent avec nous leur angoisse pour l’avenir des générations futures, les horreurs que nos enfants vivront, telles que les migrations forcées et les bébés manquant d’air à respirer. Ils emploient le code visuel de la mort pour nous montrer les dangers engendrés par les CC et pour nous amener à penser davantage à l’avenir. Un des artistes conçoit les humains comme des grenouilles, portées à ébullition dans un chaudron qui représente la terre. Certaines grenouilles ne remarquent rien, tandis que d’autres essaient de fuir. Un couple s’est inspiré de la manière dont les CC les affectent déjà, impuissant de voir leur maison inondée périodiquement.
Ces artistes utilisent leur imaginaire pour nous montrer comment tout est interconnecté. Ils ont assumé ce problème comme leur problème, et nous poussent à participer au dialogue. J’ai atteint mon propre point de non-retour sur les CC par cette exposition, et j’espère qu’elle en incitera d’autres à réagir. »
Une partie de ce contenu traduit avec l’aide de DeepL